de MARC-HENRI ARFEUX

VERGER DU CERCLE DÉVORÉ

EDITIONS ALCYONE (COLLECTION SURYA)

Marc-Henri Arfeux est né le 24 février 1962. Docteur en Lettres Modernes, il enseigne la philosophie à Lyon. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dans les domaines de la poésie, du récit et de l’essai. Il écrit régulièrement des articles sur la poésie dans les revues Terre-à-ciel et Rumeurs. Il est également peintre et compositeur de musique électroacoustique.

 

*

Toute vie s’épanouit au cercle d’un verger qui est sa mère. Soudain, celle-ci est retirée du jour. Commence la déambulation du deuil dans le jardin et la maison dévorés par le vide. L’ancien enfant, brusquement orphelin, devient alors la fille de la défunte : l’anima maternelle est tout à coup en lui jardin blessé qui cherche en vain son centre.  Le survivant, devenu petite fille et jeune femme tristement patiente et rebelle, n’a d’autre choix que de porter le non enfant de cette absence et de voyager en inverse, par mille ronciers de gel, subissant une à une toutes les métamorphoses de cette éviscération lente selon la pierre, la solitude et le silence, nommant pourtant sans trêve ce qui refuse de prendre forme et de vibrer. Faisant face à la nuit sans espoir de rosier, il ose offrir le chant brûlé des larmes jusqu’à la conversion du rien en un fruit nu dans l’aube.

Marc-Henri Arfeux

 

TEXTES

 

Le monde fut cercle

Entre les doigts

Qui lui donnaient azur,

Matin de mère tissant les roses

Par don de source et d’alouette.

Et l’amandier d’alors,

Agile et mince comme un danseur,

Les yeux de cils et de lumière

Liant d’un trait,

Parfum de robe ouvrant l’été.

Puis à l’épée d’une heure,

Le cri du toit rompu,

Et celle qui était mère

Devenue cierges étonnés,

Chemin sous le soleil,

Blancheur des nuits

Infiniment sableuses

A dénombrer les nombres,

Tandis que sur la chaise,

La robe évanouie.

Et toi, fiancée du sel,

Portant le non enfant,

Tu regardes venir

La longue vallée de jours

Conduisant au bûcher.

*

Puis tu entres au jardin.

L’entoure la nuit de galet vide

Et le très haut silence

Qui seul détient les noms,

Tes pas ne rencontrant que cendre

Au lieu qui fut baiser sous les talons

De la douceur.

Celle qui portait colombes

Et beau lilas d’enfance

Est maintenant la transparente

Au grand azur cerné.

Mais toi, cadran lunaire,

Sans fin, tu cherches autour de l’arbre

Dont l’écorce est un seuil.

*

Tu déambules par les objets sensibles,

Et la maison écoute aux portes.

L’amour est dans l’herbier d’hier,

Avec les ongles et les cheveux d’autres saisons

Qu’un bleu regard liait au bleu.

Tu donnes au vent cette ombre sèche

Par laquelle il devient

Résurrection du chèvrefeuille.

*

Naît une figure aux vitres blanches,

Oiseau de non sommeil

Où le visage de l’incertain

Venant trouver tes yeux.

Défais le sceau, dit son silence ;

Puis il s’écarte,

Et long matin de neige,

Incessamment.

*

Cercle d’hiver en ce verger.

Le gel est un feu sec

Attisant la question,

Sarments brûlés jusqu’au parfum

De sombre lampe

Illuminée.

Attente est le prénom gravé

A l’âme de la fenêtre.

Il n’y a rien que cela seul

Touchant un luth inexistant.

*

Tu dis : porte,

Et voici le visage qui prononce un silence,

Éblouissement de l’Ange

Au blanc naissant de l’ébloui.

Tu dis : porte,

Et c’est oiseau de vague

A la splendeur du blanc.

Tu dis porte :

Et c’est le nom devenu stèle

Trois fois donnée dans la blancheur.

Il n’y a plus de blanc, de stèle ni de clarté

Nouant le signe de tempête

Au déhanché de son offrande ;

Seulement cela :

L’éblouissant

Aveugle vide ouvert

Dans le matin de sa vision.

*

Un autre vent survient d’entre les pierres,

Ainsi qu’un visiteur du presque nuit.

Il a visage en neige, et ses deux yeux

Portent flambeau d’un grand verger lointain

Où tremblent des printemps.

Puis un repas de cendres succède à son silence

Le cercle est enfermé dans un carré désert

Où même l’oubli se heurte aux murs.

La soif est seule avec les noms terribles

Et ce rocher dans l’obsession des heures.

*

Puis les fiancés de l’apparence

Un à un se déchirent,

Et se referme le jardin

Sur la brûlure de l’amandier.

Tu restes avec la pierre,

Buvant le vin funèbre

Que tu partages

Avec l’absinthe et le serpent.

Et le serpent t’accepte,

Il a triangle d’innocence

Et tendre songe

Qu’un signe du silence

Changerait en nombre d’or.

Extraits de Verger du cercle dévoré

De Marc-Henri Arfeux

©️ Editions Alcyone, 2021.

 

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VERGER DU CERCLE DÉVORÉ

de MARC-HENRI ARFEUX

14,00€ + forfait port et emballage : 4,00€

Marc-Henri Arfeux

 EXERCICES DU SEUL

Marc-Henri Arfeux

Editions Alcyone (Collection Surya)

Marc-Henri Arfeux est né à Lyon le 24 février 1962. Docteur en Lettres Modernes, il enseigne la philosophie à Lyon. Poète, essayiste et romancier, il est également peintre et compositeur de musique électroacoustique.


Vibration pure autant que paysage, le Seul est au centre de ces exercices poétiques. Objet d’une quête et d’une contemplation incessantes, il donne sa forme au voyage intérieur qui le questionne. Une voix se lève alors et tente de rassembler quelques-uns des signes et des éléments premiers de l’être. Cherchant sans trêve dans l’incertain, elle noue avec le monde un pacte d’énigme où se devine le battement d’un coeur.. Les poèmes qui en résultent sont nourriture mentale, bagage immatériel et lampe du méditant anonyme cheminant dans l’absence

   M.H. Arfeux

TEXTES

Cherchant lisière,
Les yeux,
Fidèles à la promesse
Qui ne fut pas donnée.

Le pâle désert d'une heure,
Entre le vin d'étoiles
Et la morsure d'un rosier nu.

L'espoir de ce visage qui ne se voit,
Simple parfum d'un mot
Qui pourrait naître de la cendre.

**
La bouche est immobile en ce matin de nuit.
Elle est veilleuse
Pour l’acte d’un nom pur
Formant par le silence une floraison.

Serais-tu le brouillard,
Ou bien ce feu,
Simple illusion d’un arbre
Au noyau vide où vient l’intemporel ?
 
**
Mouvement de vide
Au pays flou de l’évasif.

Et plus un signe ne résiste
A l'enfouissement des yeux
Dans le non lieu horizontal.

Seulement la brume, l'absence et la blancheur.

Puis au repli du dénuement,
Nuée de lampe venant à la rencontre,
Naissant visage de l'étrangère
Cherchant les yeux, la bouche,

Et la promesse.

**

Ce monde,
Épanoui dans la distance,
Vivant manifesté
Dans la splendeur du temps.

Les fougères de jadis
Ne veillent aucun perron,
Mais la résine blessée continue de hanter.

Sans preuve,
Parmi les arbres inexistants,

Tu montes avec l’oubli.


**

Matin premier de l’altitude.
Les floraisons de l’oxygène
Séduisent à l’infini.
Tu marches sur le fil
Entre les vents iodés de l’absolu.
Le jour est ce profond regard
Où plonger l’abandon d’une offrande accomplie.

Car tu n’es qu’un puits bleu conduisant aux figures
Que les grands jeux d’étoiles dessinent inversement.


**

Montant au gouffre,
A pas de scarabée,
Tu cueilles une herbe mauve
Au bord du rien,
Sous le rire arc-en-ciel de l’air mouillé.

Sa flèche glisse au-dessus de toi,
Versée pour l’inutile.
Persiste une senteur fine,
Ainsi qu’un astre tournoyant.

**

Nocturne, et lente ailleurs
Selon le fleuve
En ses cavernes zodiacales,
Où nombres nuits et signes ardents
Forment figures.

Maisons silences
Et grands miroirs de lait,
Feux pâles,
Ô noire et nue falaise
Au bleu de cécité donnant lumière.

Marc-Henri Arfeux
Extraits de Exercices du seul
© Editions Alcyone
All rights reserved.


N.B.

- Vous pouvez écouter des extraits de

                         EXERCICES DU SEUL

dits par Silvaine Arabo (fichier MP3 en bas de page).

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EXERCICES DU SEUL

de Marc-Henri Arfeux

18,00€ + forfait port et emballage : 4,00€

 Note de lecture de Valérie Canat de Chizy, parue sur le site en ligne 

Terre à ciel de janvier 2020.

Marc-Henri Arfeux, Exercices du Seul. Éditions Alcyone, 2019

Qu’est-ce que le Seul ? Pour Marc-Henri Arfeux, il est vibration pure autant que paysage. Objet d’une quête et d’une contemplation incessantes, il donne sa forme au voyage intérieur qui le questionne. Pour moi, le Seul correspond à une expérience du dépouillement à laquelle le poète a accès en côtoyant l’énigme. Dans un cheminement intérieur où les images s’épurent au contact de l’absence. Les poèmes de ce recueil s’exercent à capter les signes fugitifs du Seul.

Aucun chemin, tel est le don.
Seulement le vent de la lumière
Ouvrant les pas.

Le voyage se fait dans un paysage imaginaire et épuré. L’énigme, la limpidité se rejoignent, l’aube touche l’étoile, l’amour effleure, les yeux cherchent la lisière dans le loin. La lumière, le rêve, le regard de l’enfant : tout ici évoque le retour à la pureté des premiers temps, au regard non façonné par le raisonnement, l’esprit critique, la connaissance.

L’espace est sans origine, à la recherche d’un seuil, dans le lointain.

Je suis à la chartreuse de mon silence.
Il neige à ciel perdu.
Le Seul est là, dans la distance.

Assis dans l’embrasure
Je regarde en mangeant.

L’assiette est sur le sol.
Elle tinte à peine sous la cuiller
Comme une voix très évasive

Au pays flou
Des signes intérieurs.

La figure du sage, du moine taoïste émerge ici, nous ramenant aux textes fondateurs de la philosophie chinoise, tel le Tao Te King.

La neige, le givre, la solitude sont autant de composantes d’un paysage nimbé d’absence et de blancheur. Un paysage de neige, aux confins de la Chine. Passager du silence, à l’instar de Fabienne Verdier, Marc-Henri Arfeux explore l’absolu, à la conquête du Seul.

Poèmes de Marc-Henri Arfeux dits par Silvaine Arabo

Marc-Henri Arfeux

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RAGA D'IRISATION

Marc-Henri Arfeux

©️ Editions Alcyone (Collection Surya)


Marc-Henri Arfeux est né à Lyon le 24 février 1962. Docteur en Lettres Modernes, il enseigne la philosophie à Lyon. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dans les domaines de la poésie, du récit et de l’essai. Il collabore régulièrement avec les revues Terre à Ciel et Rumeurs. Il est également peintre et compositeur de musique électroacoustique.


**


Au cœur d’un vaste appartement, tout autant mental que réel, un homme s’engage dans son aventure intérieure. La maison de l’intime devient le lieu d’une lente métamorphose. D’un premier soir marqué par la veillée du vide et de l’attente jusqu’à un second soir qui révèlera toute la douceur du pays de l’âme, ce méditant doit accomplir une redoutable odyssée nocturne vers le plus nu de l’être et se confronter aux présences qui le hantent, puis trouver une promesse dans la fragilité d’une aube et suivre avec un amour croissant la longue ascension du jour vers sa maturité d’après-midi et les hauteurs immatérielles du second soir. L’ensemble de ce voyage déroule un long Raga d’affirmation, d’imploration, d’attente, d’espoir et de ferveur puis de célébration et de gratitude, chacune de ses parts devenant à son tour un Raga singulier, voué, selon la tradition musicale de l’Inde, aux différentes heures. Car, au noyau de tout poème, se rassemble et s’élève un chant qui prend la forme d’une offrande.

M H A





TEXTES



Je meuble un lieu mental
Où j’ai ma chambre de voyage,
Ainsi qu’une barque,
Un lent couloir d’initiation,
Une île de simple apesanteur
Déliant ses oiseaux.

Chez moi est une absence
Qu’on ne remarque pas.


**


Je suis appartement de solitude,
Nommant l’une après l’autre
En les touchant
Les clés de son exil,
Autant de talismans chers à mon cœur.

Je déambule dans cet oubli
Si frais qu’il ressemble aux fougères
Enlacées à leurs sources.
Le sable des étoiles
Redevient pluie sensible
Au tympan des fenêtres.

La nuit est un parfum d’offrande
Et le tilleul écoute en mon sommeil
Le lumignon du merle noir.


**


Tu habites en lumière
Au noyau de la nuit.
De grands déserts fleurissent
Au silencieux partage
De la plus pure absence
Qui n’a de sable et de pendule
Que l’insomnie.

Et tu es entièrement la nue blancheur
De ton exil
Accomplissant

Ta vocation d’inexistant.


**


Ma lampe est un murmure
Sans mots.
Je l’écoute incanter
Le cœur de nuit flambante
Et la naissance
D’un grand rosier
Fragile et fin comme un cristal.


**


La nuit est ton seul nom,
Phalène aux lèvres de désert,
Formant la rose nouée de vide,
Brûlante et dure comme un galet
Tombé du temps.

Tu es cristal disséminé
Cherchant le prisme de son chant
Selon l’amour,

Blessant visage.


**


Dédale est l’immobile où tu deviens.
Les actes des couloirs t’invitent à parcourir
Le lent ébène où les miroirs voilés
Sont des souffles anonymes
Approchant leur tiédeur
Au long de ton passage.

Ils sont chemins réminiscents
Portant les noirs buissons de flambeaux solitaires
Qui te regardent en t’espérant.


**


La voix dans l’aube enfin
Psalmodie jusqu’au sang
L’intemporelle angoisse de la beauté.
Les hirondelles caressent les yeux,
Comme le feuillage mouillé de cet éveil
Parle à ma vie recomposée.

Mon Amour, qui es-tu?
Extraits de Raga d’irisation
de Marc-Henri Arfeux
©️Editions Alcyone


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RAGA D'IRISATION

de MARC-HENRI ARFEUX

19,00€ + forfait port et emballage : 4,00€


Note de lecture de Véronique Elfakir parue dans la revue Terre à ciel de juillet 2023 :
Marc-Henri Arfeux – Raga d’Irisation - Editions Alcyone, 2023


La première page du recueil s’ouvre sur l’espace clos d’une chambre, lieu d’un voyage imaginaire qui se transforme en barque, couloir d’initiation, île, envolée d’oiseaux migrateurs, au gré de la narration. Peu à peu se dessine les contours d’une sorte d’ascèse ou d’ascension où il s’agit d’atteindre la lumière pour devenir ce « grain de transparence entre les lames du temps ».
Seule une lampe semble alors veiller sur l’instant immobile et « évasif » évoqué en de délicates images flottantes comme des nuages où « tout se rassemblerait en s’ouvrant ». Ainsi la chambre loin d’être fermeture devient le lieu de tous les possibles et de toutes les métamorphoses comme ce « danseur enlacé à l’éclair ». Une élévation se dessine progressivement, la nuit devient alors « une rose nouée de vide » et le monde « un collier de larmes et de beauté ». L’abandon à la vacuité devient accueil et ouverture.
A la lueur d’une bougie ressurgissent parfois quelques souvenirs. Ainsi cette évocation du « jeune homme au cœur de saule » ou de ce parfum aux odeurs d’enfances « d’un très ancien coffret de cire contenant deuil, naissance et papillon ». Parfois survient un éveil au « centre de l’unique » tissant « le papillon que tu dois suivre/Il n’y a que cela ». Il s’agit alors de « traverser les fenêtres » pour mieux retrouver ce goût de l’amour en des nuits d’insomnie traversées de quelques étoiles où « des portes tournent et se souviennent ».
Loin de la vanité du savoir et de l’égo se dessine un chemin d’évanescence où « d’un souffle vertical s’unit tout le pollen/En invisible/De cet amour donné qui ne possède aucun contour/Et ressemble à la neige ». Le silence devient alors « rosace » et la solitude se transmue en universelle communion avec ce chant de l’être où palpitent toutes « les ombres lumineuses », « l’irisation d’un visage ». La chambre s’unit alors aux couleurs du jour. L’aube se lève comme une incantation ou ce mantra « près du cœur » du « coffret secret d’un mot. » Le moi ainsi dissous devient la buée d’un rêve, un jardin d’apesanteur, un rouleau d’or. L’univers tourne alors comme une danse d’atomes au creux de la main ouverte au don de l’infime splendeur du « bleu parfait d’après-midi ».
Ce voyage intérieur finit par transcender les murs de la maison comme pour mieux s’évader le temps d’un poème vers cet ailleurs « ajoutant un pétale/A la beauté du temps. » Nul enfermement ici, les « objets sont des portes », « le thé de l’âme infuse le temps » mais parfois surgissent quelques fantômes, « cendre et lueur alliant/le tremblement du cœur », des robes se reflètent dans des miroirs, le souvenir d’autres vies peut-être enfouies « dans des boîtes de cèdre » où l’encens de la voix seule et les larmes de l’amour « sont un oiseau nomade » : « Et toi, dans la maison du souffle/ Et du regard ouvert, /Tu es jasmin d’apesanteur/souriant au chagrin. » Sur les vitres pâles s’inscrit alors un reflet où le sujet s’abolit en transparence de buée « sur la fumée d’une heure ».
Dans ces altitudes, ne reste plus que la « pureté de l’air » ou le soupir d’une rose dans l’écheveau du temps. La blancheur de la neige recouvrant de son manteau toutes les blessures du temps : « fumée, cristal et fil/reliant l’âme/à son jardin lunaire/naissant sur le plein ciel. » La maison devient alors « visage dénoué », « portes ouvertes/à la lisière de la forêt ». Le sujet ainsi délivré arrive pour finir à consentir à sa propre absence et se dissout aux quatre vents de la poussière dorée de « la substance délivrée » comme la poudre multicolore des ailes d’un papillon. Il devient aussi cette « offrande indéfinie de pauvreté première/où se lit un visage » comme si la vie n’était que cette espérance de regard porté par cette écriture subtile qui nous transperce de ses éclats d’irisation.


Extraits de Raga d'irisation :


« Une feuille rend à la terre
L’inscription de son être
Etoilé de silence
Parmi les talismans.
Le gris est lampe,
A l’unisson du cœur,
Et la rue fine s’étire selon son chat,
Très vide et pure,
Ainsi que le regard
Qui la suit sans bouger
Aux vitres blanches
Où mon aura n’est qu’un reflet. »


« Mon amour est sans nom,
Mon amour est le nom
Qu’appelle,
Sans fin le dédale de la beauté,
La solitude.
Mon amour est la poudre aux lèvres de ce chant,
Le charbon du regard sur l’incolore de l’avant jour,
Le papillon de la promesse brûlant neige du haut azur,
Les larmes d’un matin délivrant la blessure de son désert de linges.
Mon Amour est distance, célébration de vent effaçant les empreintes
Jusqu’au jardin de l’arc-en-ciel.
Où je
Ne suis. »


« Danse enlacée de l’air,
Echarpe d’altitude
Montant par le respir du vide.
Anapurna est ton bonheur,
Sourire de neige ultraviolette
Irisant l’invisible. »


« Le coffret d’un mot seul
Près du cœur,
Tu es l’arc épousé
Des quatre seuils ouverts,
Abolition dans l’accompli. »


Véronique Elfakir