L'envers du monde, Jacquy Gil
Editions Alcyone collection Surya
Préface de Jean-Pierre Védrines
Cet ouvrage est orné d'un dessin acylique
978-2-37405-000-3
Jacquy Gil (1948), réside à Saint-Hilaire-de-Beauvoir, son village natal, où il a exercé le métier de vigneron. Il fut membre du comité directeur de la revue Souffles (LEM) durant 25 ans. Intègre, fin 2012, le comité de rédaction de la revue la main millénaire. Correspondant local du journal Midi Libre. C’est dans ses attaches terriennes, sa passion pour l’astronomie et son tempérament méditatif qu’il puise son inspiration poétique qui s’est concrétisée dans de nombreux recueils. Publications en revue : Souffles, Froissart, Décharge, Le Grand Nord, Le Carnet des Lierles, La main millénaire, Saraswati, Vocatif et autres.
Sur la poésie de Jacquy Gil, Jean-Pierre Védrines écrit :
La poésie de Jacquy Gil se gorge de mystères,
elle passe sans cesse du cœur à la vie, du vent aux étoiles. Elle s’accorde à la pression du temps, aux pas du marcheur. Là où la poésie de J. Gil coule le mieux, c’est dans sa prose. Sa phrase y
est affûtée, dense, ouverte. Attentif à la nature qui, sans cesse, est au cœur de son œuvre, il écrit : « Suivre du doigt le contour des montagnes et, projetant quelques prémices d’aventure
– le pas dans les yeux – gravir la pente du bras… ». C’est dire si la marche du poète est mouvement. Comment mieux parler, mieux dire la fonction du bras et de l’œil, le mystère de l’aventure
qui révèle sa splendeur et jamais n’épuise le chemin ? ”
N.B. Vous pouvez écouter des poèmes de Jacquy Gil en cliquant sur les flèches des fichiers MP3 en bas de page.
Quelques extraits de
L'envers du monde :
Et toujours une branche prête à lézarder le ciel… Non pour lui infliger quelque blessure, mais pour héler
nos regards qui jusqu’ici n’avaient couru que sur les pierres.
Le ciel pousse alors un cri retentissant, ouvre en nous un infini : une autre marche ! Et son
vif azur nous éblouit à l’instant même où nos pas heurtaient rudement le sol, – juste pour nous dire ce qu’il faut d’épreuves, de tâtonnements pour parvenir à l’échappée
belle.
**
Mais où sont-elles les étoiles où le ciel nous commence ?
Nos yeux en vain les cherchent pendant que nos pas sur
les pierres titubent. On dirait que le monde se délecte d’une avancée qui le circonscrit, qu’il tourne le dos au lointain et à ses possibles.
Et rien
jamais de tangible, seulement quelque espérance à reformuler – infiniment – et qui ne parvient pas à s’affranchir de nos rêves.
Ô
ciel, comment nous échapper de ce trou béant dès lors que nos bras s’agrippent à l’inutile ?
**
Je ne sais d’où vient le jour, et bien moins encore l’effort que lui a coûté l’effacement des étoiles.
Mais si nous sommes debout ce matin, face au soleil, c’est pour mesurer l’intensité de l’instant qui l’élève ; pour partager un peu de cet élan
qui est aussi de la foi en nous versée, à renaître.
Moment crucial à prendre avec toute sa lumière, à saisir aussitôt que le temps a
dessillé nos paupières, juste avant que nos pourquoi ne s’enlisent dans nos habitudes.
**
Depuis la nuit des temps nous n’avons
cessé d’écrire avec des pierres.
Dressés ou couchés, de granit ou de calcaire, nos mots sont restés les mêmes, garants de nos actes
et de nos pensées.
Eux prenant le parti de l’éternité, nous de l’éphémère.
Eux prenant appui sur notre passé pour servir au mieux notre avenir ; nous tenus de réinventer chaque jour le verbe, d’élever quelque nouvel édifice, quitte à puiser nos matériaux dans
le livre ouvert de nos ruines.
Jacquy Gil, extrait de L’envers du monde
Copyright : Editions Alcyone -
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Note de lecture sur le recueil de Jacquy Gil par Marc Paul Poncet pour la revue Phoenix N°23 (automne 2016) :
L’envers
du monde de Jacquy Gil est une méditation poétique à la fois sur le monde et sur nous-mêmes, parce que comme le dit la dernière phrase du livre il n’a de miroir que nous le monde ! Tout ce qu’il sait
de lui c’est dans nos actes qu’il le puise, et réciproquement tout ce que nous savons de nous c’est par le monde que nous le savons, parce que nous sommes l’envers du monde.
Le
monde dont il s’agit ici est le monde concret de la garrigue, celui des pierres, du soleil, des rivières et aussi des étoiles. Et c’est ce monde, avant tout minéral, qui donne à penser. Le surplomb m’avait fait
aimer la rivière / j’allais y plonger mes regards et en revenais les yeux pleins de connaissance... / et c’était là une grande beuverie d’atomes, de ceux qui connurent le monde d’avant le monde... /.
Cependant le poète n’est pas pour autant contemplateur naïf. Il sait que nous sommes des êtres de langage et de représentation. Nous nous endormions alors, blottis parfois contre des mots. Le jour
nous réveillait avec un début de livre... Cependant Jacquy Gil ne prend jamais le parti pris des mots pour eux-mêmes, sa poésie ne sera pas verbale car dressées ou couchées, de granit ou de calcaire, nos mots sont restés
les mêmes... / Eux prenant le parti de l’éternité, nous de l’éphémère /. Et le poème devient alors méditation sur le temps puisqu’il est vrai que le temps est la grande affaire de la
pensée contemporaine. D’où cette définition que pourraient lui envier bien des penseurs : Nous sommes du temps qui produit de la parole.
Mais si Jacquy Gil sait que l’absolu est
perdu à tout jamais, cela ne l’empêche pas de se retrouver souvent dans l’univers merveilleux de Plotin où les choses elles-mêmes nous regardent : Les étoiles naissent de nos regards, mais ce sont elles qui
nous regardent. Que le lecteur peu porté sur les méditations poétiques se rassure, nous sommes là en présence d’un livre de poésie pure, rempli de joyaux comme ce poème : Chaque jour je salue mon
arbre, lui fait des offrandes de mots...
La poésie de Jacquy Gil est également une poésie de la joie car l’homme n’est pas étranger au monde, ici pas de sentiment de déréliction.
Il est, comme l’indique le titre heureux de ce livre, L’envers du monde. Et c’est par lui que nous prenons sens : Heureux celui qui se trouve là où il se cherche. / Le monde auquel il croyait pleinement appartenir lui appartient.
/ Et nul besoin il a de se justifier... /. Marc-Paul Poncet.
L'envers du monde, Jacquy Gil
Prix France en euros : 16,00€ (+ port/emballage : 4,00€)
CES REGARDS QUI NOUS EMMÈNENT, JACQUY GIL
EDITIONS ALCYONE (COLL.SURYA).
Jacquy Gil (1948), réside à Saint-Hilaire-de-Beauvoir, son village natal, où il a exercé, entre autres, le métier de vigneron.
Membre du comité directeur de la revue littéraire Souffles (LEM) de 1986 à 2012, puis rejoint le comité de rédaction de la revue la main millénaire. Très impliqué également dans la vie de son village, il est correspondant du journal Midi Libre.
Genres littéraires : l’histoire locale et surtout la poésie, domaine dans lequel il a publié de nombreux recueils. Les derniers :
• À bouts pensants (aphorismes), Éd. Unicité (2018). • Chemins suivi de Ressauts, Collection Méditerranée, revue "la main millénaire" (2019). • Le matin était part d’un cri radieux, Éd. des Deux rues (2019). • Viatiques, Éd. Unicité (2021).
Autres publications (revues) : Souffles, Froissart, Décharge, Le Grand Nord, Le Carnet des Lierles, la main millénaire, Saraswati, Écrits du Nord, Vocatif, Collectif de l'Écritoire d’Estieugues...
Histoire locale : Un village sans histoire(s), (monographie), Éd. La Place des Mots (2007) ; et 4 ouvrages sur Les affaires criminelles de l’Hérault sous la Révolution (1792-1800) », aux Éditions de La Fenestrelle.
"J’attends que ma barque retourne à ses plus hautes eaux, que le temps me remette à flot, me rende apte à affronter l’océan des étoiles, cet infini déchaînement de la lumière.
J’attends ainsi qu’il advienne autant de tempêtes qu’il est de mots, et ce, jusqu’à ce que je chavire à nouveau, mais emporté cette fois par les déferlantes du Verbe. Quitte à me fracasser sur les rochers impitoyables de la Poésie et, au final, à m’échouer sur quelque plage déserte, si bien que nul ne pourra en entendre le cri."
Jacquy Gil
Extrait de Ces regards qui nous emmènent
© Éditions Alcyone
TEXTES
Je pars, dès ce jour, soutirer des mots à ma terre, celle dont est issue ma Garrigue et qui nourrit mes racines.
Je pars, en me disant que rien, ici, n’est en jachère ; qu’à force de heurter des cailloux je finirai bien par lever la tête !
À chacun de trouver en sa marche une avancée. Ainsi le grillon sort-il des profondeurs de son terrier pour offrir son chant aux étoiles.
Ainsi vais-je, en des élans nouveaux, muant mes regards en ressentis et formulant déjà des phrases pour en garder les traces.
**
Il y a, entre le ciel et les pierres qui jusqu’à lui se dressent, une sorte de connivence qui tout à coup ne laisse pas les regards indifférents.
On sent bien que quelque chose demeure là, comme suspendu. Un espace à conquérir peut-être, qui est une autre dimension du monde et qui se confond avec de l’azur : tout un pan d’invisible vers lequel nos yeux ne s’étaient encore jamais tournés mais qui vers lui désormais se portent.
Pas seulement une énigme à résoudre et pour cela appelant du temps à sa rescousse.
**
Les nuages ne me détournaient pas de mon écriture, bien au contraire. Leur prompte et exubérante imagination – leur propension à créer d’étranges personnages et à les mettre aussitôt en scène – était une source inédite pour la mienne.
Ainsi il advenait que ces fugaces apparitions donnent lieu à une histoire beaucoup plus éphémère encore ; laquelle s’effaçait avant d’avoir su trouver son épilogue.
Or qu’un vent fougueux soudain se lève etvoilà que les décors, improvisés avec tout autant de diligence, s’évanouissaient aussi, emportés par la même hâte !
**
Éclairé, l’arbre mort... Oh ! la lumière du soleil pendue à ses branches, et qui s’efforce de leur donner quelque survivance !
Ici la beauté est toute nue. On la voit ou on ne la voit pas, – c’est le regard qui décide mais c’est le ressenti qui tranche. Il se peut alors, et selon le degré d’intensité qu’on lui prête, qu’elle donne lieu à une renaissance.
Il se peut même qu’un oiseau vienne se poser sur la partie la plus haute qu’elle ravive et qu’il chante à tue-tête qu’il n’est pas de meilleur endroit pour s’abreuver à l’azur.
**
Cette immense étendue sur laquelle débouchait le chemin, je n’en finissais plus de l’interroger.
À quel moment mes regards s’étaient-ils substitués à mes pas ? Telle était maintenant la question qui me taraudait.
Maintes réponses s’ébauchaient sans que je ne puisse toutefois en retenir une : certaines se trouvant trop en deçà du réel, d’autres trop au-delà.
M’en satisfaire, certes j’aurais pu... Si les tournoiements d’un grand rapace n’étaient venus ajouter plus d’absurde que j’en avais suscité !
**
Au plus près de mes pas, parmi les hautes herbes, quelque chose se dérobant et qui n’est pas que du vent.
Quelque chose venu du plus lointain de mon imaginaire et qui s’en est affranchi, semble désormais livré à lui-même ; qui n’a point de chair ni de forme ; qui n’est pas matière et pourtant qui s’efforce de donner une existence à sa fuite.
Comme si l’Univers, soudain, autrement se manifestait. Par une sorte de mouvement qu’on ne pourrait même pas qualifier d’indicible et qui à chacune de ses avancées n’aurait d’autre ambition que d’épaissir son mystère.
Jacquy Gil
Extrait de Ces regards qui nous emmènent
© Éditions Alcyone
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CES REGARDS QUI NOUS EMMÈNENT, JACQUY GIL
EDITIONS ALCYONE (COLL.SURYA)
15,00€ (+ PORT/EMBALLAGE/SUIVI/: 4,00€)