LUIS DE GONGORA

LA FEMME CHEZ DON LUIS DE GONGORA, florilège bilingue.

Traduit de l'espagnol et annoté par Michel Host.

Editions Alcyone, Collection Mitra

Copyright : Editions Alcyone

ISBN : 978-2-37405-052-2

Luis de Gongora y Argote est né (1561) et mort (1627) à Cordoue. Il a créé une forme de poésie nouvelle, baroque et cultiste, bouleversant la syntaxe castillane, et, de ce fait, se créant plus d’ennemis et de jaloux que d’amis. Ses admirateurs, parmi lesquels Cervantès, surent l’aimer et le comprendre. Homme de religion sincère, il n’en aima pas moins le jeu, les fêtes et les femmes. La génération poétique de 1927 (avec F. G. Lorca) le porta au plus haut. Ses oeuvres se répartissent entre familières (chansons, lettrilles, romances) et de haute inspiration (Sonnets ; oeuvres majeures : Fable de Polyphème et Galatée ; Les Solitudes).

- Version bilingue espagnol/français.

- Traduction en français et notes de Michel Host, agrégé d'espagnol, Prix Goncourt 1986 pour son roman Valet de nuit, poète et traducteur.

Né en Belgique en 1942, Michel Host écrit des poèmes depuis l'adolescence. Il n'a jamais cessé d'en écrire, bien que se soient interposés nouvelles et romans, qui masquent parfois cet enracinement dans le verbe premier, la poésie, qu'il définit ainsi : " Elle est mutation, traduction ou translation dans la langue maternelle, selon des cadences très intimes, de la langue des sources, langue du mystère de l'être, des émotions et des intuitions."

M. H. a publié chez divers éditeurs de nombreux recueils de poèmes ainsi que des traductions en français d'auteurs espagnols tels que Gongora, Manrique, Garcia Lorca et des poèmes de la tradition mozarabe andalouse (XIIème et XIIIème siècles). Il a également traduit du grec Aristophane.

Nous avons déjà publié de Michel Host :

/ aux Editions de l'Atlantique

- Coplas por la muerte de su padre (Stances pour la mort de son père) de Jorge Manrique. Version bilingue. Notes et traduction de M. H.

- Romancero gitano (Romances gitanes) suivi de llanto por Ignacio Sanchez Mejias (Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias). Version bilingue. Notes et traduction de M.H.

- Figuration de l'amante (poèmes de Michel Host).

/ aux Editions Alcyone

- Romancero gitano (Romances gitanes) suivi de llanto por Ignacio Sanchez Mejias (Complainte funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias). Réédition. Version bilingue. Notes et traduction de M.H.

- La femme chez Don Luis de Gongora. Florilège bilingue. Notes et traduction de M.H.

 

POÈME DE GONGORA

Romance (1) 1580


La màs bella niña

La màs bella niña
de nuestro lugar    
hoy viuda y sola      
y ayer por casar,  
viendo que sus ojos (2)
a la guerra van,
a su madre dice   
que escucha su mal :    
Dejadme llorar     
orillas del mar.  
Pues me distes, madre,  
en tan tierna edad   
tan corto el placer,
tan largo el pesar,
y me cautivastes   
de quien hoy se va   
y lleva las llaves
de mi libertad,
Dejadme llorar
orillas del mar.
En llorar conviertan    
mis ojos, de hoy más,      
el sabroso oficio
del dulce mirar,           
pues que no se pueden   
mejor ocupar,  
yéndose a la guerra
quien era mi paz.  
Dejadme llorar     
 orillas del mar.
No me pongáis freno  
ni queráis culpar :  
que lo uno es justo   
lo otro por demás.  
Si me queréis bien,     
no me hagáis mal :    
harto peor fuera     
morir y callar.      
Dejadme llorar
orillas del mar.
Dulce madre mía,
¿ Quién no llorara,   
aunque tenga el pecho
como un pedernal,
y no dara voces,  
viendo marchitar  
los más verde años
de mi mocedad ?
Dejadme llorar     
orillas de mar.   
Váyanse las noches,
pues ido se han
los ojos que hacían  
los míos velar ;
váyanse, y no vean  
tanta soledad,   
después que en mi lecho
sobra la mitad.      
   Dejadme llorar      
  orillas del mar. 

Traduction   
La plus belle enfant (*)     [1580] 

 
La plus belle enfant
de notre village,
aujourd’hui veuve et seule
et hier à marier,
voyant que ses yeux (2)
s’en vont à la guerre
dit à sa mère
attentive à sa peine :
Laissez-moi pleurer
au bord de la mer.
Puisque m’avez donné, ma mère,
en un âge si tendre
si court le plaisir,  
si long le chagrin,
et m’avez livrée
à celui qui aujourd’hui s’en va
emportant les clefs       
de ma liberté,
Laissez-moi pleurer
au bord de la mer.
Qu’en pleurs changent
mes yeux, désormais,
leur délectable office
de la douceur de voir,
car ils ne peuvent
 à mieux s’employer
quand part à la  guerre
celui qui était ma paix.
Laissez-moi pleurer
Au bord de la mer.
Ne m’en empêchez pas,
ne m’imputez rien à faute,
car une chose est juste
 et l’autre  inutile.
 Si vous m’aimez bien,
 n’ajoutez pas à mon mal :
 il serait bien pire
de mourir me taisant.
Laissez-moi pleurer
au bord de la mer.
Ma tendre mère,
qui ne pleurerait,
eût - il le cœur  aussi
dur qu’un silex,
et ne pousserait des cris,
voyant se faner
les plus vertes années
de ma jeunesse ?
Laissez-moi pleurer
au bord de la mer.
Que s’en aillent les nuits,
puisque s’en sont allés
les yeux qui tenaient
les miens en éveil ;
qu’elles s’en aillent et ne voient
pareille solitude,
depuis que de mon lit
la moitié est de trop.
Laissez-moi pleurer
au bord de la mer.

Poème extrait de La femme chez Don Luis de Gongora

Traduction française et notes de Michel Host
Editions Alcyone, collection Mitra

Copyright Editions Alcyone

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________________

NOTES
(1)  Le « romance », n’a rien de la romance, ou chanson sentimentale. C’est, à l’origine, une composition en vers octosyllabes assonancés aux vers pairs, issue de la division d’un vers de 16 syllabes, et en usage depuis le XIe siècle. On voit ici que Góngora prend de grandes libertés avec la tradition.

(2) « ses yeux » : l’homme à qui elle tient « comme à la prunelle de ses yeux », celui qu’elle aime.

(*) Traduction en vers non réguliers

(notes de M. H.)

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La femme chez Don Luis de Gongora

Florilège bilingue

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Michel Host

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