L'espace commence au bord de la fenêtre, Daniel Birnbaum
Editions Alcyone, Collection Surya.
ISBN : 978-2-37405-032-4
Ce recueil est orné d'un dessin de Daniel Birnbaum.
Daniel Birnbaum vit entre Provence et Creuse, “entre doutes et certitudes... Qu’est-ce qui provoque, dit-il, le plus grand plaisir ? lire un poème, écrire un poème, lire un ensemble
de poèmes, écrire un ensemble de poèmes, ou peut-être plutôt un poème qui s’envole, par surprise ou par nécessité, avec amusement ou révolte, bonheur et mélancolie, sagesse et fantaisie,
au gré du vent, du jour et des circonvolutions, et qui se glisse malicieusement dans un espace bien à lui, entre réel et irréel ? “
Son travail a été
recensé dans plusieurs revues, parmi lesquelles : Décharge (Claude Vercey), Traction-Brabant (Patrice Maltaverne), Verso (Alain Wexler), etc.
Un poète qui aime à jouer avec les mots, à distancier le tragique bien réel de l’existence par ses multiples touches d’humour.
Silvaine Arabo
TEXTES
Le
quai
Au bout du quai désert
les rails agrafent l’horizon au sol
c’est un faux départ
ça
ne mène nulle part
qu’ailleurs
où ce sera pareil
ou même pire
mais c’est rassurant
d’y aller
sur ces droites d’acier
lisses des voyages passés
et luisantes d’espoir.
**
Au-dessus de la vague
l’écume se fait discrète
elle est de ces tout petits riens
qui ne sont pas grand-chose
mais elle ne peut laisser
au seul vol des mouettes
la transition entre mer et ciel.
**
Réveil
Sur mon carreau
les cristaux de givre
éphémères vigiles de l’aube
Tous les matins
il me faut arracher
un soupçon de vérité
au mensonge du jour
Mais quoique je fasse
l’ongle noir du destin
fera sa griffe.
**
Rencontre hasardeuse
Je l’ai rencontrée
par le plus grand des hasards
il pleuvait
je suis entré dans une église
après tout
hasard
est le pseudo de Dieu
Elle dessinait
des vitraux
je l’ai trouvée lumineuse
je lui ai
plu
il n’a plus plu
nous sommes sortis
Depuis
elle a posé des vitraux dans toute la maison
et dans l’un d’eux
ce n’est pas un hasard
elle a mis de la pluie.
**
Le
vent
Ce soir
venant de la crête souffle
un vent à creuser la vie de toutes parts
un vent noir
à dévisser les têtes
bien loin de la gymnastique des anges
aux accents de porphyre
les murs désagrégés saignent
les feuillages amers se contractent
et dansent sans mot dire
de la folie des hommes.
**
Résolutions de fin de journée
En toutes circonstances
savoir se passer de quelque chose
happer le silence
à grands coups de questions
qu’on voudra sans réponse
apprendre
le goût léger de l’immobile
oublier bien vite
la verte solitude
des
printemps indécis
au bout du silence
le même
mystère
qu’au bout de la nuit noire
plus de rêves.
Extraits de L’espace commence au bord de la fenêtre
de Daniel Birnbaum, © Editions Alcyone.
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Note de lecture de Jean-Michel Tartayre sur le recueil de Daniel Birnbaum :
L’Espace commence au bord de la fenêtre, de Daniel Birnbaum, est un ensemble qui s’organise autour du temps, du temps qui passe. Le poète fait état du quotidien sur le mode du poème souvent humoristique et empreint de réalisme : « Il m’arrive / de broyer des aliments / dans un appareil / ils en sortent en miettes / en petits bouts […] je me demande / s’il serait bien / de pouvoir faire de même / avec des bouts de passé. »
En outre, la femme aimée semble une figure récurrente. Le poète l’évoque toujours avec beaucoup de discrétion et d’humilité ; ainsi, dans le poème intitulé « Avant » : « Chaque matin / je regarde le ciel / différent mais toujours le même / il ne change pas / avant je regardais tes yeux ». Sur ce plan, on observe une tranquillité d’âme, une âme éprise associant les souvenirs au contexte de l’écriture : « à travers / mes yeux fermés de solitude / les graffitis du temps / ne sont plus sensibles / que le long de ton absence. » Le poésie amoureuse s’augmente, chez Daniel Birnbaum, de sa vision de la femme, figure éclairante ou muse du quotidien qui peut lui inspirer l’autodérision : « Il fait un froid glacial / elle marche dans la rue / […] et je cherche comment rompre la glace / entre nous. »
De fait, l’auteur semble souvent donner à voir dans sa praxis, dans sa pratique de la parole écrite, poétique, la joie d’aimer, d’aimer la Femme, d’aimer la vie, y compris dans ce qu’elle a de plus âpre : la mort, le deuil, la solitude : « au bout du silence / les mêmes mystères / qu’au bout de la nuit noire / plus de rêves. » Son écriture paraît témoigner à la fois de sa prise de distance face aux obstacles et de son acceptation des choses ; une écriture de l’instant qui somme toute relativise le monde et ses aléas par la dynamique d’une pensée tout orientée vers l’espoir, la lumière, l’enthousiasme : « et là-haut / qu’il y ait un Dieu / qu’il y en ait dix / ou qu’il n’y en ait pas / il y a quelques types / avec des crayons / qui comme avant nous montrent / que toutes les couleurs / se mélangent librement."
Daniel Birnbaum est comparable à un coloriste du quotidien, où l’existence demeure l’objet d’une transmutation d’ordre alchimique qui, par les mots, s’ouvre à l’esprit du lecteur tel un arc-en-ciel, ici, où « l’espace commence au bord de la fenêtre ».
Jean-Michel Tartayre
L'espace commence au bord de la fenêtre, Daniel Birnbaum
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