PARCELLES D''INFINI
CAROLYNE CANNELLA
EDITIONS ALCYONE
COLLECTION : Surya.
L'auteure, poète,
professeure d'enseignement artistique et concertiste, a participé à plusieurs festivals de poésie et collaboré à plusieurs anthologies poétiques ; elle a donné aussi de nombreux récitals de musique, en
France et à l’étranger, et dirige également un ensemble instrumental. Guitariste classique et luthiste Renaissance, elle a réalisé des transcriptions d'œuvres qui enrichissent le répertoire instrumental,
ensemble de guitares, duo, trio et quatuor. Dans son art poétique, la mélodie des mots - telles les notes d'une partition - relève selon elle d'un travail d'élévation et d'harmonisation pour atteindre à cette
qualité lyrique de la langue. A l'aune de sa passion - la musique, expression sensuelle de ce qu'elle considère comme un sentiment mystique - son écriture l'amène, avec peu de mots, à voyager immobile dans les territoires
profonds de l'être, là où les silences prennent une dimension expressive. Elle s'exprime sous les formes du poème, de la prose, des fragments et aphorismes, avec une prédilection pour les formes brèves.
" La forme du quintil m’est apparue, dit Carolyne Cannella, la plus appropriée pour l’écriture de ce recueil à travers lequel je vous invite à
entrer dans une méditation muette. Plus la contrainte est forte, plus la liberté s’exprime. Ainsi, le choix de composer ces poèmes en cinq vers seulement, impose une exigence, celle d’aller vers la concision, la justesse,
une certaine recherche rythmique et sonore sur la langue poétique, avec cette possibilité d’accueillir les images qui surgissent, accueillir aussi cet intervalle du silence qui se glisse dans l’instant. Le poète est aussi un
voyant qui pénètre le sens caché - éclairs, visions, magie - qu'il arrache à l’invisible, oeuvre cosmique où son, énergie, vibration, harmonie, sont les phénomènes multiples issus d'une seule
source. L'essentiel n'est pas dans les mots, mais dans cet espace par eux créé. Et cet invisible qui dans le poème va au-delà du sens : la résonance ! "
TEXTES
Les heures vont
les heures
viennent
coulent les jours très doucement
blancs sur l'étang les lys égrènent
l'écho d'un parfum lancinant
*
Mouvante au crépuscule
éprise de Ta flamme
qui embrase le monde
mon âme
en lente arabesque pourpre
*
En ondes bleu argenté
les ombres joyeuses
sur l’île s’allongent
douce extase des amants
jusqu’à l’aube sous la brume
*
Résonance du gong
jusques au coeur du silence
l’onde en écho se propage
sous l’opale lune
les flocons d'or s’échevellent
*
Étincelles dans l’azur
frissons et battements d’ailes
en volute ambrée d’encens
tu flottes sur les ramures
de la roseraie du ciel
*
Sur la courbe du printemps
j'ai initié ma danse
retrouvé le baiser
du verbe re-lier
éternisé l'instant-soleil
*
S'enfantent la mort, la vie
chaque instant nous renouvelle
bien plus vive
la lumière se contemple
lorsque la nuit étincelle
*
J’effleure
Ton enveloppe de mystère
ruisselante et frêle
dont
le noyau
ne saurait être atteint
Extraits de
Parcelles d’infini
de Carolyne Cannella
© Editions Alcyone
All rights reserved
N.B. Vous pouvez écouter des extraits de Parcelles d'infini dits par Silvaine Arabo (en bas de page).
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Parcelles d'infini
de Carolyne Cannella
15,00€ + forfait port et emballage : 4,00€
Note de lecture sur Parcelles d'infini
de Carolyne Cannella
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Sur cinq vers asymétriques et toujours renouvelés , Carolyne Cannella décline les parcelles d'un infiniment grand, d'un infiniment poétique, tout à la fois intime et cosmique, humble et puissant : celui de l'Amour.
De manière générale, l'absence quasi-totale de ponctuation (ni chair ni os), les libertés orthographiques voulues par l'auteur (dans la coulée de la scève) ainsi que des audaces (tout se fait de se dé-faire) donnent au texte un supplément de modernité et de mystère.
De même, la typographie changeante de ces quintils, tels des vagues de mots et d'incantations :
Sortir du chemin
la rupture est provisoire
à l'inéluctable
dire oui
et s'accomplir
D'emblée, l'on ressent à quel point la poétesse cultive les espaces, les silences, telle une musicienne à son archet, telle une orpailleuse au fil de l'onde. D'emblée, le rythme dicte sa présence, la respiration gagne toute sa place.
Certes, on y trouve les mots de sa passion première, la musique (luth, Bach, chant, accordé, résonance), mais également un tropisme pour le mouvement (se glisse, se balancent, nous franchissons, s'approchent, ondule) comme si la danse était un trait d'union entre l'univers sonore et une vie gestante de frémissements. Cela dit, il nous semble que Cannella est ici avant tout poète, marieuse de mots, artiste-peintre friande d'images et vouivre du sens :
Nous réceptacles du vivant
nous qui transmutons
l'aube en crépuscule
et nos silences féconds
en paroles de lumière
Souvent sensuelle (Sur les vagues qui scintillent / aller nue et danser / neuve à chaque instant...) elle s'adresse parfois à l'être aimé en majuscule (Toi, Ta présence) mais toujours avec délicatesse :
De caresses en murmures enchantés
tu m'effeuilles, tu m'enflammes
sous l'irrésistible maelström
de tes hauts plateaux
aux délires impeccables
Minuscule approche pour un recueil élégamment imprimé sur papier blanc nacré : comme si la place du rêve, la forme graphique des mots, leurs sons chuchotés par le lecteur avaient valeur de prière, c'est à dire de langage avec un Plus Haut.
Claude Luezior
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« Une médiation muette », nous annonce Carolyne Cannella en quatrième de couverture de Parcelles d’infini, paru aux éditions Alcyone dans la collection soignée « Surya » au beau papier nacré. Et qui d’autre, effectivement, que le dieu Soleil de l’hindouisme pour présider à ces quintils à forte connotation spirituelle ? Car la poétesse ne craint pas de s’adresser à une entité supérieure, pas nommée formellement, mais qu’elle salue par une capitale « avec la fleur de Ton sourire / et son parfum qui luit / de toute éternité », avant, presque dans le dernier poème, de lui dédier l’ouvrage en quelque sorte : « En Toi, le puzzle de l’univers / la clé de tous les sons / la gamme de toutes les couleurs ».
Ce dernier quintil montre aussi la prévalence du vocabulaire musical dans le recueil. Concertiste autant qu’autrice, Carolyne Cannella accorde une importance capitale aux « répons », aux « cantilènes », aux notes en tous genres. « Immuable / se meut la mélodie secrète » de ses vers ; avec ou sans rimes, c’est selon, mais toujours avec une harmonie issue de la vibration primale. Pour le rythme, elle use de mots que la prosodie classique a forgés pour agencer les longueurs de ses vers ( encor, jusques ) et distribue dans l’espace des blancs, créant ses partitions poétiques comme elle créerait des orchestrations de miniatures musicales. Tel est le sens, on le pense, de la répétition à un vers près d’un poème aux pages 32 et 38, la disposition sur la page changeant elle radicalement, invitant à une lecture à haute voix pour apprécier la différence de scansion.
D’inspiration orientale (« Ces libres torii, solitaires / qui ponctuent le silence »), la poésie de Carolyne Cannella flirte avec le genre du haïku dans une version quelque peu allongée (« Tandis que l’ombre s’estompe / dans les mille éclats du jour / sur l’âpre et haute colline s’ancrent / fraîchement écloses / les fleurs de prunier ») ou se revendique clairement du tanka, dans un hommage à Rimbaud.
Sa spiritualité est entièrement assumée, telle une hymne sacrée à l’harmonie de l’univers qu’une chamane lancerait à la figure des lectrices et lecteurs, avec sincérité.
*
Une pomme de pin un prélude de Bach la caresse de la brise …
tout nous est donné tout est beauté
Florent Toniello
Pour la revue D'ailleurs
https://www.dailleurspoesie.com/billets-de-florent-toniello.html