Jacquy Joguet

Nuages en bas de page, Jacquy Joguet

Editions Alcyone, Collection Surya.

ISBN : 978-2-37405-016-4

Les textes sont accompagnés de la reproduction d'une encre.

Jacquy Joguet vit à la Roche-sur-Yon, en Vendée. Son goût pour l'imaginaire et la poésie s'est d'abord exprimé au travers du métier de conteur qu'il a exercé pendant de nombreuses années, maniant l'écriture et les objets dans la fabrication et la présentation de ses récits. Puis sa pratique a glissé vers la création d'assemblages (proches de l'Art Singulier) et l'écriture poétique sous forme de poèmes en prose. Ce livre est son quatrième recueil, après Les heures nous frôlent en 2006 (Ed. Echo-Optique), On nous avait donné les étoiles en 2010 (Ed. de l'Atlantique), De bois tendre avec peu d'écorce en 2013 (Prix Trouvères des Lycéens, Ed. Henry).
Se définissant aujourd'hui comme "poèteassembleur", Jacquy Joguet tente d'allier le grave et la fantaisie au travers de ses créations poétiques, à l'instar de la vie qui mêle bonheur et tragédie. La poésie "pour nous retremper, nous illimiter" (Pierre Dhainaut) ?

Vous pouvez écouter des poèmes de Jacquy Joguet en cliquant sur la flèche du fichier MP3, en bas de page.

 

Poèmes en prose

 

La mare ne dévoile que l’angle de sa surface, elle excelle dans un jeu de miroirs rempli de couleurs claires, front pur dans une main blanche. On sort de la nuit avec ceux qui s’éveillent, remuent sous la terre après un long sommeil. Quelques pensées pour les rejoindre et se serrer contre eux dans cette lente mobilité d’une journée naissante.



*

Ce qui est mis devant, penché vers les reflets de l’eau  appartient à l’instant vif du regard, à sa teneur en pas vers les buissons, à une pénombre heurtant les éclosions vers le soleil. Et notre peur d’être soumis à la masse de nuages   envahissant  le ciel, on   la  verrait soudain  comme la crainte de perdre notre capacité à survivre dans une paix muette mais profonde.

 

 *


Le vent, les bruits sombres de sa gorge, la rage de ses coups. Aujourd’hui sa rumeur est étale et les oiseaux frôlent leurs nids. Accoudés à la première seconde de la pluie, c’est au poids de l’air qui s’accorde avec notre corps que nous reconnaissons ce qui nous tient en éveil, l’attente de quelque chose qui donne un sens à nos vies.


*


Surprenante et perceptible la matière même du silence que le froid pénètre de ses aiguilles. Lent le chemin des yeux pour enjamber le réel et le rendre convertible jusqu’au prochain sommeil. Heureux les tons clairs qui bordent les contours. Et nous derrière la vitre à murmurer nos gestes plutôt que de les dire.

*

Tiges de maïs bâillonnant l’espace, leur vert poisseux nous privant de fenêtres entre les arbres pour étirer ses pensées vers le lointain. On s’agrippe à des poches de brume pour le maintien des oiseaux.

 

*

Terre trempée comme un buvard. On attend. Le jour puise des bouts de clarté dans les flaques. Les oiseaux inventent un silence chargé de ce qu’ils ont tu pendant les heures de pluie. La lumière avance en désordre, par bouts de présence utile, avec ça et là quelques lettres épaisses dessinées par les débris de maïs, on donne au ciel des prénoms empruntés aux tumultes ressentis par les sursauts du cœur.

 

*

Autrefois, je n’étais qu’un temps indéfinissable entre deux saisons, avec des manières pesantes d’amplifier les brumes et  de figer les couleurs. Puis, couvert de glace, j’ai mordu les cailloux aux arêtes sèches, empoigné les mousses, rongé les buissons. Ainsi, nommé hiver, j’ai maintenu la patience des jours mourants dans la mémoire du soleil.

Poèmes extraits de Nuages en bas de page de Jacquy Joguet
      Copyright : Editions Alcyone

 

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Note de lecture de Louis Dubost sur Nuages en bas de page :

Jacquy Joguet a publié à la fin de l’année Nuages en bas de page. De courtes proses bien alignées en parallépipèdes rectangles soigneusement travaillés, émiettent « des questions auxquelles on se soumet devant un ciel où rien ne bouge ». Une poésie sans grandiloquence mais de nécessité « où les oiseaux inventent un silence chargé de ce qu’ils ont tu pendant les heures de pluie », un silence créateur et fécond et non « son envoûtement » qui paralyse et stérilise, nous laisse « assis avec notre être éparpillé ». Il y a comme une sorte d’urgence sereine loin de tout tintamarre qui pousse à vivre et à écrire – et réciproquement- « la vie est à deux pas, c’est ce que disent les fenêtres », encore faut-il ouvrir les fenêtres et mettre ses pas dans l’écriture, « casser la coquille » pour décider les mots « à naître » et se décider à être.

 

J’appartiens au monde qui bourdonne siffle respire, lance un cri par-dessus l’autre. Quand je ferme les yeux tout s’assemble, j’entends ce qui lutte, je ressens l’accablement de l’air et perçois les grouillements du buisson. Le cœur du monde bat ses heures et je plonge dans son eau, l’oreille tendue vers les prochains appels.

Article de Louis Dubost. Dans la revue Décharge N°175 (septembre 2017)

 

Nuages en bas de page, Jacquy Joguet.

Prix global en euros : 18,00€ (+ port/emballage 4,00€)

 

Jacquy Joguet

Jacquy Joguet

Poèmes de Jacquy Joguet dits par Silvaine Arabo

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Le vouloir de la paix, Jacquy Joguet

Editions Alcyone, Collection Surya.

ISBN : 978-2-37405-116-1

©️ Editions Alcyone


Jacquy Joguet vit à La Roche-sur-Yon en Vendée. Son imaginaire et son besoin de poésie se sont exprimés de nombreuses années au travers du métier de conteur, maniant à la fois écriture et objets pour très jeune public et public adulte. Puis sa pratique a glissé vers la création d'assemblages (proches de l'Art Singulier) et l'écriture poétique, sous forme de poèmes en prose.
Ce livre est son cinquième recueil après Les heures nous frôlent en 2006 (Editions Echo-Optique), On nous avait donné les étoiles en 2010 (Editions de l'Atlantique), De bois tendre avec peu d'écorce, en 2013 (Prix des Trouvères des Lycéens aux Editions Henry), Nuages en bas de page aux Editions Alcyone en 2016. En avril 2021 Jacquy Joguet a renoué avec sa langue de conteur dans un livre qui rassemble des récits d'enfance Petites Histoires de mon passé aux Editions La Geste.
Avec Le vouloir de la paix, en faisant «grimacer les heures», il adoucit un monde où se côtoient tristesse et joie.


« L'heure matinale, une sensation de froid, un regard sur une photo, quelques pas dans la campagne, un détail dans le voisinage, le monde est encore neuf, vivant, fragile.
De retour dans ''sa tour de guet'', nourri d'images et de sensations, le poète laisse son esprit errer, vagabonder. Des mots s'introduisent dans son questionnement: nos vies, nos faiblesses, notre mémoire, la mort, nos amis disparus.
Alors comment loger en soi une paix durable avant que des vibrations contraires résonnent trop fort?
On fouille alors dans les herbes et les chemins de l'eau
pour faire échec aux attentes de l'incertain.
Se déverse ainsi sur nous la musique d'une joie tranquille
et l'accord du paysage aux multiples cordes.
Ainsi des états s'opposent en nous. La vie va son chemin. La poésie témoigne de ses enchevêtrements. Sans nous consoler, généreusement, elle nous accompagne.» J.J.

TEXTES

La mer


Aux silhouettes qui l’ont si longtemps regardé avec leurs yeux, leur cœur, penchés comme la tête d’un chien et leur désir d’un ailleurs aussi insensé que le plus fou de leur rêve, elle s’offre avec le front barré d’un horizon qui les fixe à jamais.
Cueillette pour la maison


**


Le vouloir de la paix


Nos chemins sont pleins d’ombre, portent sur leur dos des étoiles mal ajustées et des masses de mystère qu’aucun bruit ne traverse.
Le ciel a peu de vertu, rien que des nuages figurant les formes vaines de nos rancunes et de nos peurs.
Des épines rongent les cailloux et, goutte à goutte, le brouillard engloutit les traits de ce qui porte branches et feuilles.
On fouille alors dans les herbes et les chemins de l’eau pour faire échec aux atteintes de l’incertain et loger en soi une paix durable, comme on cueille un oiseau au bord des routes.
Se déverse ainsi sur nous la musique d’une joie tranquilleet l’accord du paysage aux multiples cordes.


**


Des ricochets de vie


Il y a ce qui bat, ce qui se cogne, ce qui s'écoule et meurt en dormant, laissant la trace de sa fin sur les vitres de la fenêtre.
Gouttes d’eau saisies comme des perles du langage sur le tissu frêle de la page.
Dehors on laisse traîner ses doigts sur les fougères et les ajoncs.
Ce qui nous attache à la pluie ?
Son avancée vibrante dans l’allée des jeunes chênes et ses manières chanceuses de se jeter sans se faire mal sur le mur gris de l’abbaye
Que les génisses contournent en balançant leurs queues comme si elles cherchaient le dénouement d'un conte ou d'une histoire.
Pourquoi les yeux se mettent -ils en quête d’une autre image
pour froisser la surface du temps ?
Au bout de l’attention rêveuse qui nous gagne et se pose sur le pré les ânes commencent leur journée.


**


Viens rentrons


C’est ce qui se dit parfois dans un venteux désordre devant le lointain mis à nu.
Et nous rapiéçons ce peu de ciel en nous à demi- mots pesés.


**


Tôt le matin


La vie s’agence en fenêtres éclairées, les vivants se font des politesses excessives.
Quand tout s’éteint d’un seul coup, quelqu’un, peut-être moi,
cherche des raisons d’être dans le matin qui s’avance avec
précaution.
Mais c'est une envie de toucher avec les lèvres, d’abandonner ma main à la caresse du jour, que l'appétit de vivre accueille comme une cruche restée chaude.
Viens, me dit-elle de sa voix encore tiède.
Je la rejoins aussi vite que je peux dans mon enveloppe de sommeil.


**


L'effort à vivre


On a étiré la durée jusqu'à soi puis nourri de fruits denses pour rendre chaque minute précieuse.
Avec les pieds les mains et les genoux aussi on a enraciné tout ce qui peut l’être.
La vie ne peut-elle être rien d'autre qu’un exercice difficile à tenir ?
Parfois c'est un voisinage qu'on invente et les ententes fidèles qui s'ensuivent avec nos compagnes de la brume.
Ces moissonneuses de lenteurs offrent un air de toutes les époques, des écumes de mer sous des lumières feutrées.
On serre ses joies l'une contre l'autre, puis témoins de leur mariage, on se glisse dans le cortège.
Ce que dit alors le soleil ? de tendre les mains à celles des fougères sans faire échec à notre propre murmure ni renier l'ombre dévouée à l'oiseau mort.


Extraits de Le vouloir de la paix

de Jacquy Joguet

©️Editions Alcyone


Le vouloir de la paix


Jacquy Joguet


15,00€ (+ port/emballage : 04,00€)