TEXTES
Cherchant lisière,
Les yeux,
Fidèles à la promesse
Qui ne fut pas donnée.
Le pâle désert d'une heure,
Entre le vin d'étoiles
Et la morsure d'un rosier nu.
L'espoir de ce visage qui ne se voit,
Simple parfum d'un mot
Qui pourrait naître de la cendre.
**
La bouche est immobile en ce matin de nuit.
Elle est veilleuse
Pour l’acte d’un nom pur
Formant par le silence une floraison.
Serais-tu le brouillard,
Ou bien ce feu,
Simple illusion d’un arbre
Au noyau vide où vient l’intemporel?
**
Mouvement de vide
Au pays flou de l’évasif.
Et plus un signe ne résiste
A l'enfouissement des yeux
Dans le non lieu horizontal.
Seulement la brume, l'absence et la blancheur.
Puis au repli du dénuement,
Nuée de lampe venant à la rencontre,
Naissant visage de l'étrangère
Cherchant les yeux, la bouche,
Et la promesse.
**
Ce monde,
Épanoui dans la distance,
Vivant manifesté
Dans la splendeur du temps.
Les fougères de jadis
Ne veillent aucun perron,
Mais la résine blessée continue de hanter.
Sans preuve,
Parmi les arbres inexistants,
Tu montes avec l’oubli.
**
Matin premier de l’altitude.
Les floraisons de l’oxygène
Séduisent à l’infini.
Tu marches sur le fil
Entre les vents iodés de l’absolu.
Le jour est ce profond regard
Où plonger l’abandon d’une offrande accomplie.
Car tu n’es qu’un puits bleu conduisant aux figures
Que les grands jeux d’étoiles dessinent inversement.
**
Montant au gouffre,
A pas de scarabée,
Tu cueilles une herbe mauve
Au bord du rien,
Sous le rire arc-en-ciel de l’air mouillé.
Sa flèche glisse au-dessus de toi,
Versée pour l’inutile.
Persiste une senteur fine,
Ainsi qu’un astre tournoyant.
**
Nocturne, et lente ailleurs
Selon le fleuve
En ses cavernes zodiacales,
Où nombres nuits et signes ardents
Forment figures.
Maisons silences
Et grands miroirs de lait,
Feux pâles,
Ô noire et nue falaise
Au bleu de cécité donnant lumière.
Marc-Henri Arfeux
Extraits de Exercices du seul
© Editions Alcyone
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Marc-Henri Arfeux
EXERCICES DU SEUL
Marc-Henri Arfeux
Editions Alcyone (Collection Surya)
Marc-Henri Arfeux est né à Lyon le 24 février 1962. Docteur en Lettres Modernes, il enseigne la philosophie à Lyon. Poète, essayiste et romancier, il est également peintre et compositeur de musique électroacoustique.
Vibration pure autant que paysage, le Seul est au centre de ces exercices poétiques. Objet d’une quête et d’une contemplation incessantes, il donne sa forme au voyage intérieur qui le questionne. Une voix se lève alors et tente de rassembler quelques-uns des signes et des éléments premiers de l’être. Cherchant sans trêve dans l’incertain, elle noue avec le monde un pacte d’énigme où se devine le battement d’un coeur.. Les poèmes qui en résultent sont nourriture mentale, bagage immatériel et lampe du méditant anonyme cheminant dans l’absence
M.H. Arfeux
N.B.
- Vous pouvez écouter des extraits de
EXERCICES DU SEUL
dits par Silvaine Arabo (fichier MP3 en bas de page).
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EXERCICES DU SEUL
de Marc-Henri Arfeux
18,00€ + forfait port et emballage : 4,00€
Note de lecture de Valérie Canat de Chizy, parue sur le site en ligne
Terre à ciel de janvier 2020.
Marc-Henri Arfeux,Exercices du Seul. Éditions Alcyone, 2019
Qu’est-ce que le Seul? Pour Marc-Henri Arfeux, il est vibration pure autant que paysage.Objet d’une quête et d’une contemplation incessantes, il donne sa forme au voyage intérieur qui le questionne. Pour moi, le Seul correspond à une expérience du dépouillement à laquelle le poète a accès en côtoyant l’énigme. Dans un cheminement intérieur où les images s’épurent au contact de l’absence. Les poèmes de ce recueil s’exercent à capter les signes fugitifs du Seul.
Aucun chemin, tel est le don.
Seulement le vent de la lumière
Ouvrant les pas.
Le voyage se fait dans un paysage imaginaire et épuré. L’énigme, la limpidité se rejoignent, l’aube touche l’étoile, l’amour effleure, les yeux cherchent la lisière dans le loin. La lumière, le rêve, le regard de l’enfant: tout ici évoque le retour à la pureté des premiers temps, au regard non façonné par le raisonnement, l’esprit critique, la connaissance.
L’espace est sans origine, à la recherche d’un seuil, dans le lointain.
Je suis à la chartreuse de mon silence.
Il neige à ciel perdu.
Le Seul est là, dans la distance.
Assis dans l’embrasure
Je regarde en mangeant.
L’assiette est sur le sol.
Elle tinte à peine sous la cuiller
Comme une voix très évasive
Au pays flou
Des signes intérieurs.
La figure du sage, du moine taoïste émerge ici, nous ramenant aux textes fondateurs de la philosophie chinoise, tel le Tao Te King.
La neige, le givre, la solitude sont autant de composantes d’un paysage nimbé d’absence et de blancheur. Un paysage de neige, aux confins de la Chine. Passager du silence, à l’instar de Fabienne Verdier, Marc-Henri Arfeux explore l’absolu, à la conquête du Seul.